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Charles Clessens
24 février 2014

Mieux vaut Qatar que jamais...

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Maintenant que la Belgique est qualifiée pour disputer la Coupe du Monde qui va se jouer en 2014 au Brésil, un problème important demeure.

Quels politiques seront sélectionnés ?

En effet, les élections sont proches et « ils » vont devoir se battre pour occuper le(s) poste(s) de ministre des Sports, voire les Affaires étrangères, voire n'importe lequel. Il n’y a pas que Marc Wilmots qui doive plancher sur sa sélection.

Il y a aussi nos gouvernants. Lequel ou plutôt lesquels vont pouvoir s’offrir sur le compte de la collectivité évidemment un beau petit voyage exotique pour aller supporter nos Diables rouges. Ils y pensent, soyez-en convaincu. La lutte s'annonce âpre.

Organisation

Restons cependant, mais provisoirement, dans le domaine du sport.

Le Brésil n’est-il pas considéré comme le pays du football et la Belgique comme le potentiel futur vainqueur de cette compétition par quelques inconditionnels qui oublient un peu vite les deux dernières rencontres bâclées face à la Colombie et au Japon ? Soit, ces matches ne comptaient pas donc attendons mais restons quand même lucides et les pieds sur terre.

Après le Brésil, la Coupe du Monde de 2018 se déroulera en Russie et, quatre ans plus tard, en 2022, c’est le Qatar qui recevra le business.

Ce pays se prépare déjà à recevoir le Dieu football.

Jetons un œil admiratif sur ce projet…

Le Qatar

Ne s’agit-il pas là d’une merveilleuse opportunité pour un pays qui s’étend sur 160 km de longueur pour 80 de largeur ?

Le Qatar est une presqu’île de 11.586 km², qui compte 563 km de côtes, dans le Golfe Persique. Ses voisins immédiats sont l’Arabie saoudite, le Bahrein, les Emirats Arabes unis.

A titre de comparaison la superficie de la Belgique est de 30.528 km².

Une grande partie du pays est une plaine stérile recouverte de sable.

Le Qatar est aussi connu pour ses gisements de pétrole et de gaz naturel.

Sans doute ceci explique-t-il cela. Pourquoi « sans doute » direz-vous.

Le climat est désertique, chaud en été (de 40 à 50°) et doux en hiver.

C’est pourquoi, il est probable que cette Coupe 2022 sera organisée … en hiver.

Ben voyons. Aucun problème de bouleverser tous les calendriers de la planète foot pour satisfaire les caprices des puissants émirs.

D’aucuns ont bien entendu fait la moue en apprenant la désignation de ce pays, notamment au détriment de la candidature de la Belgique (en duo avec les Pays-Bas). Des jaloux, sans aucun doute.

Tout est une question d’argumentation. Le Qatar a son gaz naturel et son pétrole. Voilà, tout est dit. 

Zidane et son coup de boule

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Comment ne pas s'interroger quand, en plus, et ce n’est un secret pour personne, il est bien connu que la candidature du Qatar a même été soutenue par l’inoubliable Zinedine Zidane en personne.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est le monsieur qui a achevé sa carrière sur un coup de tête...

Il se murmure chez les mal-pensants que Zizou aurait palpé la modique somme de 11 millions d’euros pour simplement déclarer : « Je suis pour l’attribution du Mondial au Qatar. » Ça fait cher la réplique, n’est-il pas ? C’est pas beau ça ? Plus d’un million le mot et même pas une virgule dans le texte.

Ce n’est pas tout.

Une statue intitulée « Coup de tête », œuvre de l’artiste franco-algérien Adel Abdessemed et montrant Zidane assener un vigoureux coup de boule à son adversaire italien, Marco Materazzi, souvenir de la Coupe du Monde 2006, a tout d’abord été exposée sur le parvis du Centre Pompidou à Paris avant de voyager un peu puis d’être acquise par le Qatar.

Cette « oeuvre » est un judicieux exemple qui ne manquera pas de frapper les esprits de dizaines de milliers de jeunes footeux désireux d’imiter leur idole.

Et on en arrive  à se demander pourquoi certains s'autorisent, de plus en plus souvent, à frapper les arbitres…

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Bref, après avoir véhiculé son message tout auréolé de fair-play et de valeurs sportives dans le monde entier, cette pièce de 5m de haut a été installée sur la corniche de la capitale Doha.

« Mais qui est ce Zidane, qu’a-t-il fait pour être honoré ainsi par le Qatar ? », se demandent certainement beaucoup de Qataris qui, en outre, y voient une violation de la sensibilité religieuse locale mais n’entrons pas dans cet épineux et scabreux sujet.

Corruption... influences ?

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C’est ainsi que pendant que les dirigeants de la FIFA dorment paisiblement du sommeil de l’injuste (sur le matelas de la corruption ?) sans se sentir le moins du monde hantés par des rêves de manipulation, d’autres voix s’élèvent pour poser une question un tantinet plus dérangeante.

Combien de morts faudra-t-il au Qatar pour lui permettre d’organiser sa Coupe du Monde ?

Dans un journal anglais, Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI (Confédération syndicale internationale) a prédit « Il y aura plus de victimes parmi les ouvriers qui travaillent sur les chantiers des sites que de joueurs pour disputer la compétition. »

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Et, le moins que l’on puisse dire ou écrire, c’est que c’est bien parti.

Un comptage effectué il y a quelques mois attestait que 83 Indiens avaient trouvé la mort ainsi que 119 ouvriers népalais. Soit plus de deux cents travailleurs émigrés ayant en outre perdu la vie au cours des neuf derniers mois.

Ce qui permet à Madame Burrow d’affirmer que le Qatar avance au rythme d’un décès par jour alors qu’il vient d’annoncer qu’il accueillerait un demi-million d’immigrés supplémentaires, essentiellement en provenance du sous-continent indien, pour construire stades, hôtels et routes avant l’échéance de 2022.

Il est cependant rassurant de constater que les victimes ne meurent pas toutes sur les chantiers.

Non. Leur mort peut prendre différentes formes. En effet, ces pauvres hères sont confrontés à des conditions de travail extrêmes et dénuées de toute protection légale. J’allais dire sociale…

Ces ouvriers travaillent de 6 à 19 heures par une chaleur étouffante.

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Ils sont logés dans de petites chambres souvent étouffantes qu’ils partagent nombreux, sans évidemment ventilation ou climatisation.

Vous avez dit « esclavage » ?

Bref, l’exploitation de la misère humaine, un esclavagisme à peine voilé.

Un simple constat : les 225.000 citoyens du Qatar ont le droit de fonder des syndicats et de faire grève. Pas les immigrés qui sont environ 1,9 million.

Ce qui n’est certes pas crié sur tous les toits, c’est que les mauvais traitements infligés à ces ouvriers trouvent si pas une explication satisfaisante, une justification religieuse.

La kafala

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En effet, ces immigrés et leurs employeurs sont liés par la kafala, c’est-à-dire qu’ils deviennent tout bonnement esclaves de leur compagnie car la kafala maintient le travailleur immigré dans une relation de dépendance vis-à-vis de son « tuteur ». En effet, pour pouvoir entrer au Qatar, un travailleur doit être parrainé par son employeur qui devient son tuteur, avec toutes les dérives que cela suppose. En clair, la kafala, c'est, quelque part, la rampe d'accès à l'esclavage des temps modernes.

Il est interpellant, pour nous, citoyens d’un petit pays engoncé dans nos grrrrrands problèmes communautaires voulus par nos politiques depuis des lustres, ce qui leur permet ainsi de  multiplier leurs emplois par le nombre de gouvernements qu’ils créent (sept en Belgique), de constater par exemple que les travailleurs (esclaves ?) du Qatar doivent obtenir le consentement de leur patron s’ils souhaitent changer d’employeur ?

Pouvez-vous imaginer que là-bas, si un travailleur démissionne, ses employeurs, qui sont légalement considérés comme ses parents adoptifs (tuteurs), peuvent l’accuser de fugue et le faire arrêter par la police.

Savez-vous aussi, que pour ces malheureux, quitter la Qatar n’est pas non plus chose aisée puisque les migrants doivent passer par leurs employeurs pour obtenir un visa de sortie et qu’ils peuvent être retenus de force en cas de litige relatif à leur contrat.

Savez-vous aussi qu'au Qatar, les étrangers ne peuvent faire valoir leurs droits en justice.

Qu'attend donc le MRAX pour aller créer une antenne en ces lieux de douce villégiature ou, à l'extrême rigueur, Louis smal pour aller manifester?

Dans un article publié en date du 25 septembre dans The Guardian, il est précisé, noir sur blanc (c’est une image) que 44 autres népalais ont trouvé la mort sur les chantiers des sites qui doivent accueillir ce maudit Mondial 2022.

Ces chiffres sont appuyés par des documents fournis par l’ambassade du Népal à Doha au quotidien britannique qui ajoute que 1.500.000 ouvriers supplémentaires doivent être recrutés pour construire les infrastructures nécessaires au déroulement de cette compétition.

Au su des « puissants » qui dirigent le monde, au su des « puissants » qui dirigent la Fifa, n’est-il pas piquant de constater que des Népalais, des Sri-Lankais et bien d’autres meurent à la tâche sous une chaleur dévastatrice pour construire des stades climatisés dans lesquels les petits Messi, Ronaldo et autres stars de 2022 pourront jouer au foot, bien au frais.

Sepp Blater

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Que pense le sémillant et frétillant président de la Fifa, Sepp Blatter ?

Ce qui est sûr, c'est qu'il ne sera jamais poursuivi pour avoir favorisé, que ce soit par omission ou aveuglement, cette espèce d'esclavage des temps modernes.

Comment va-t-il noyer le poisson ?

A coup sûr, il trouvera réponse aux questions puisque les principales interrogations, à savoir les accusations de tricheries ayant entaché l’attribution de cet événement au Qatar, ont déjà été éludées.

Et le reste ?

Bah, après les suspicions de pots-de-vin, de corruption au sein même de la puissante fédération, d’achats de vote, etc., quelle valeur ou importance pourrait-on bien accorder au décès de quelques milliers de Népalais, Philippins, Sri-Lankais ou autres ?

Ben oui, restons sérieux, que peut bien valoir la vie d'un ouvrier népalais face à la Coupe du Monde de football ? Rien, n'est-ce pas... rien du tout !

Comment aussi ne pas apprécier le fait que ces stades de 2022 seront démontables. Une option judicieuse qui permettra, le cas échéant de les transporter au Népal si quelquefois ce pays était amené à organiser la Coupe du Monde 2026.

On n’est jamais trop prévoyant.

Eh oui, le foot de mon enfance, celui où on jouait pour le plaisir, pour ses couleurs, pour l’honneur de son village est bien fini, définitivement dépassé.

Deux exemples parmi d’autres

Puisque ce sera bien ce "Vilain petit Qatar" qui organisera la Coupe du Monde 2022, passons en revue le cas de deux footballeurs pros qui ont cru assouvir leurs rêves au Qatar.

 

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Zahir Delounis est un milieu de terrain franco-algérien qui a dépassé la trentaine. Il est arrive au Qatar en 2007. Six ans plus tard, le sportif porte plainte contre son club (Al-Jaisch) qui ne lui verse plus le moindre salaire depuis deux ans. Ayant porté l'affaire devant la justice, il s'est vu privé des documents l'autorisant à quitter le Qatar. Il n'a plus qu'une idée en tête, rentrer en France et y retrouver femme et enfants.

Il a même rencontré le président Hollande lorsque ce dernier s'est rendu au Qatar le 23 juin dernier mais, ce président est bien à l'image de sa diplomatie, à savoir d'une étonnante mollesse.

Bien évidemment, l'affaire est compliquée, d'autant plus que parmi les quatre Français actuellement retenus au Qatar, deux des parrains sont des membres de la famille royale.

C'est Jean-Marie Fardeau, directeur de Human Rights Watch (France) qui a déclaré que "La législation qatarie réduit les ressortissants étrangers à l'esclavage moderne et la situation ne rsique pas de changer de sitôt. La main-d'oeuvre étrangère au Qatar constitue plus de 85% de la population du pays, soit 1, 9 millions d'habitants. Les migrants d'Asie du Sud en particulier sont exposés aux abus, ont des emplois mal payés dans la construction et les femmes sont employées comme domestiques." 

 

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Abdeslam Ouaddou, quant à lui,après bien des ennuis et des péripéties, a néanmoins réussi à quitter le pays.

"J’ai menacé de saisir la Ligue des droits de l’Homme. Ils ont accepté de me donner le visa pour la sortie. Par contre, je me rappellerai toujours de cette phrase qu’ils m’ont dite avant mon départ : « Vous pouvez quitter le pays mais votre plainte auprès de la FIFA mettra quatre, cinq, six ans à être jugée parce qu’on est très puissant à la FIFA. » Qu’est-ce que ça veut dire ça ? Ils pensent qu’avec leur argent, ils peuvent acheter la dignité humaine ? Ils peuvent acheter des instances ? Des immeubles comme ils achètent des hommes ? Non. Ce n’est pas possible. C’est pour cela qu’aujourd’hui je me bats pour dénoncer les méthodes du Qatar."

CONCLUSION

Parmi d'autres exemples de la même veine, deux sportifs Français humiliés, désabusés, sont retenus contre leur volonté au Qatar et viennent de vous décrire la face cachée du Qatar, pays esclavagiste qui se donne des airs de sainte nitouche.

Des dizaines de personnes sont dans le même cas.

Des joueurs, des entraîneurs ou des préparateurs physique sont partis au Qatar, attirés par les promesses de mille et une nuits, et pour gagner un argent facile. Du moins c’est ce qu’ils croyaient, innocemment, par méconnaissance de la duperie élevée au rang institutionnel du petit état islamique.

Ce petit Qatar qui grâce à ses pétrodollars met petit à petit la main sur tout ce qui l'intéresse en France et en Europe... 

Quel peut bien être le but final ?

 

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